La création d’Alenvi a répondu à un constat. L’accompagnement à domicile des personnes âgées est déshumanisé par un paradigme tayloriste réducteur, qui sous-estime la dimension humaine du métier, et son corollaire, le manque de considération des professionnels. Cette déshumanisation impacte négativement la qualité des services fournis aux personnes en perte d’autonomie, avec des conséquences encore plus dramatiques sur les publics isolés et précaires. Si nous n’avons pas la prétention d’être les seuls à faire ce constat, nous pensons que notre modèle de “social business” nous permet de trouver des solutions innovantes.
Trois types d’institutions apportent depuis des décennies des réponses au problème social de l’aide à domicile. Le mouvement associatif s’est emparé du sujet depuis longtemps, en concentrant dès le départ son aide sur les plus démunis. Son projet social noble bute aujourd’hui souvent sur des questions de modèle économique, pris en tenaille entre le coût du travail, et les faibles montants des prestations financées par les Conseils Départementaux.L’Etat et les collectivités assurent un rôle essentiel de régulation des services d’aide à domicile, de financement et de solidarité (via le ticket modérateur de l’APA), mais peinent à traduire dans la réalité leurs injonctions sur la bientraitance, la qualité des services ou la coordination entre structures médico-sociales.Le privé lucratif cherche quant à lui, à professionnaliser et à rendre rentable l’activité d’aide à domicile, mais, autocentré, il n’a pas réussi à construire une vision long terme où l’ensemble des parties prenantes du secteur, les auxiliaires, les bénéficiaires et la puissance publique seraient réellement gagnants.
Nous pensons que notre modèle «social business» nous permet de trouver des solutions innovantes.
En créant Alenvi sous la forme d’une Entreprise Solidaire d’Utilité Sociale centrée sur une mission, l’humanisation de l’accompagnement des personnes âgées, nous avons eu le champ libre pour tester de nouveaux formats d’actions.La mobilisation d’investisseurs à impact social comme Phitrust, nous permet de financer une prise de risque qui ne rentre pas dans les modèles des acteurs du secteur. Les coûts inhérents au développement d’un modèle d’organisation centré sur l’autonomie, de formations elearning sur le savoir-être sont pris en charge, moins pour leur potentiel de profit à court terme que pour leur impact social à long terme.Alenvi est aussi en mesure d’associer l’ensemble de ses collaborateurs et en premier lieu les auxiliaires, dans la gouvernance du projet. Quand la mission est première, la légitimité se nourrit en effet de l’engagement, et non pas de l’allégeance ou de la propriété du capital. Cet esprit d’association n’est pas présent qu’en interne, puisque qu’il nous a conduit à co-créer le Collectif l’Humain d’abord, pour partager nos bonnes pratiques d’auto-gestion avec d’autres organisations.Le caractère hybride de notre structure nous autorise aussi à casser les frontières usuelles qui opposent les catégories d’acteurs. Ainsi, nous ne considérons pas que l’Etat devrait avoir le monopole de la solidarité, et nous l’avons intégrée au sein de notre modèle économique en créant un tarif qui s’adapte aux ressources de chaque bénéficiaire. L’objectif est de casser ainsi le système à deux vitesses où les associations ont tendance à travailler uniquement pour des bénéficiaires sans reste à charge et les entreprises pour ceux qui peuvent payer 4 à 5 € de reste à charge par heure.La création d’un référentiel partagé de mesure d’impact, l’Indice d’Alignement Humain, est aussi une initiative qui a vocation à faire progresser le secteur dans son ensemble, et pourrait très bien être portée à l’avenir par l’Etat ou des associations.On le voit, le modèle d’entreprise sociale, encore assez neuf, offre de nouvelles possibilités pour le secteur. A nous de prouver maintenant qu’elles peuvent changer les choses à grande échelle !