Chez Alenvi nous rencontrons régulièrement des médecins, généralistes, gériatres ou neurologues. L’objectif est de partager nos expériences, et de recueillir leurs recommandations pour un accompagnement de qualité des personnes âgées souffrant de troubles cognitifs. Cet article synthétise nos discussions sur le thème de la collaboration entre aidant familial (proche ou parent) et aidant professionnel (auxiliaire de vie).
Lorsqu’elles vivent à domicile, les personnes âgées atteintes de troubles cognitifs sont généralement accompagnées au quotidien par des aidants familiaux (conjoint, enfant, frère ou soeur, proche…) et des aidants professionnels (auxiliaire de vie, infirmiers…). Collaborer efficacement et bien se répartir les rôles n’est pas toujours simple. Nous avons réuni dans cet article quelques retours d’expériences et avis d’experts.
Aussi étonnant soit-il, les aidants familiaux doivent parfois remettre en cause leurs sentiments et leur convictions profondes, pour démarrer une relation fructueuse. L’aidant familial doit assumer sereinement le choix de faire compléter son aide par celle d’un professionnel. Même si la nécessité de l’accompagnement par un professionnel s’impose à l’aidant familial, il est souhaitable qu’il arrive à le vivre comme un choix actif et raisonné : “Je fais ce choix avec mon proche âgé, dans son intérêt. Je mets en place un accompagnement de qualité et je n’ai pas de raison de me sentir coupable.” Il est important que l’aidant familial fasse ce cheminement, pour que la collaboration avec l'aidant professionnel démarre sur des bases saines. Si l’auxiliaire de vie est principalement là pour aider aux gestes quotidiens de la personne âgée et lui offrir une présence humaine et stimulante, il ne peut pas faire abstraction de l’aidant familial. Créer une relation forte avec lui, le rassurer, faire preuve d’empathie sont souvent des préalables nécessaires à une coopération vertueuse au service de la personne accompagnée. Bien sûr, cela est possible si on a une rotation limitée des auxiliaires de vie qui s’occupent d’une personne âgée.
Le rôle de l'aidant familial est de préserver l'amour.
Une fois la relation démarrée sur de bonnes bases, une bonne répartition des rôles est fondamentale. Les neurologues, comme le Docteur Pichit sont formels : “L’aidant familial ne doit pas s’enfermer dans un rôle qui perturbe sa relation avec son proche. C’est à l’aidant professionnel de faire les toilettes et les activités de stimulation.” Il peut ainsi se concentrer sur sa mission principale qui est, selon le Docteur Andréini de “préserver l’amour”.
Parce que l’auxiliaire est là pour aider à assurer le quotidien et effectuer les tâches qui demandent une expertise, l’aidant familial s’extrait de ce stress et prodigue amour et bienveillance à son proche. Ces bonnes pratiques ne sont cependant pas des règles gravées dans le marbre. “Chaque situation est différente, et doit se gérer au cas par cas”, rappelle le Docteur Delavaux, en ajoutant: “Il faut aussi tenir compte de l’historique et de ce qui a déjà été mis en place. Quand un auxiliaire arrive et cherche à changer le fonctionnement à la maison du jour au lendemain, cela peut créer beaucoup de dégâts.” La charge émotionnelle de l’accompagnement est telle que l’aidant familial a parfois aussi besoin d’être aidé moralement. Mais attention, comme le souligne le Docteur Défontaines, “Si l’auxiliaire prend ce rôle en charge et que cela l’empêche d’être 100% disponible pour la personne accompagnée, il est préférable de le constater lucidement et d’orienter l’aidant familial vers une plate-forme d’aide ou un psychologue”. C’est une situation normale et en aucun cas un aveu de faiblesse.
Comme toutes les relations de travail, car c’est bien de cela qu’il s’agit, la relation aidant familial - aidant professionnel, se forge dans le temps. Prendre régulièrement le temps d’un café pour se faire de retours bienveillants sur la manière dont on collabore, peut être très vertueux. Cela évite que s’accumulent des petites frustrations susceptibles de se cristalliser lors d’un moment de crise.
Nous partageons ces bonnes pratiques humblement. Tant mieux si elles peuvent éclairer des aidants professionnels ou familiaux, mais c’est aussi et surtout bien sûr dans le contact humain et la spontanéité que le succès de la relation aidant professionnel / aidant familial se jouera.