Comme tout un chacun, une personne âgée peut se sentir démunie et fragilisée face à son quotidien et vivre un état dépressif. Lié ou non à l'avancée en âge, à la perte d'autonomie (lire l'article sur la psychologie des personnes âgées face à l'autonomie) ou encore à la pleine conscience de la maladie, cet état peut néanmoins être enrayé pour permettre à la personne âgée de renouer avec le plaisir et le bien-être. Nous sommes allés à la rencontre des auxiliaires d'envie et de Sandra Pamies, psychologue spécialisée en gérontologie, pour apprendre à détecter et à comprendre la maladie pour mieux accompagner une personne âgée en situation de dépression.
Il est très important de parvenir à différencier la dépression d'un deuil ou d'une apathie chez une personne âgée. Pour détecter une dépression, il faut avoir l'aide de l'entourage proche de la personne pour comprendre si son comportement a changé. Chez une personne âgée, cela peut se repérer dans ses habitudes. Les personnes âgées ont souvent des rituels dans leurs journées. Avoir moins envie de les réaliser, être moins enthousiastes à l'idée de faire une activité qui plaisait auparavant, perdre en hygiène de vie (la personne ne souhaite plus se changer, dort mal, s'alimente mal, etc) sont autant d'éléments indicateurs d'un trouble dépressif.
C'était une dame qui était toujours très enthousiaste. Toujours partante pour faire plein d'activités. Elle ne refusait jamais rien. Puis elle a changé de comportement. Elle pleurait tout le temps, cette dame ne voulait plus manger par exemple alors qu'elle était très très gourmande. Karima, Auxiliaire d'envie
Chaque pathologie a son éventail de symptômes. D'une personne à l'autre, les symptômes d'une dépression varient et seront d'autant plus différents que chaque personne a sa propre personnalité. Chez une personne âgée, la dépression est un trouble qui peut être difficile à repérer, surtout dans le cas où la personne est touchée par une maladie neurocognitive telle que la maladie de Parkinson ou la maladie d'Alzheimer. Les personnes âgées ont du mal à comprendre ce qui se passe et donc à mettre des mots dessus. Elles ont alors un ressenti qu'elles n'arrivent pas à exprimer et les familles qui veulent les aider se retrouvent face à une personne qui va changer de comportement : elle va devenir agressive, apathique, renfermée ou encore mutique.
Tout est devenu un effort en fin de compte pour cette dame: se lever, aller prendre une douche, manger... ce sont devenus des efforts, des choses qu'elle n'a plus envie de faire. Julie, Auxiliaire d'envie
Tant parce que le comportement de son proche change que parce qu'on ne sait pas toujours quelle posture adopter, la dépression est une maladie face à laquelle on se sent impuissant.
Ce qui est assez fou avec la dépression du monsieur que j'ai accompagné, c'est que toute sa famille, sa femme, ses filles, ont senti que finalement il n'avait plus goût à rien et ont compris la situation. Mais c'était très compliqué parce qu'ils étaient tout de même complètement impuissants vis-à-vis de la situation. Guillemette, Auxiliaire d'envie
Y compris pour des professionnels de l'accompagnement des personnes âgées, cette situation peut être déstabilisante et source de stress. Détecter la maladie et la comprendre sont alors des étapes préalables qui doivent être suivies par la suite d'un accompagnement de la maladie.
Le rôle d'une auxiliaire est tout d'abord d'adopter le même principe que pour tout accompagnement à domicile : n'avoir aucun jugement.
Une fois lors d'une intervention, je me suis retrouvée face à un bénéficiaire en colère. J'étais assise, neutre, sans jugement et là j'ai vu la personne qui s'est mise à exploser parce que ça n'allait pas, que ça faisait longtemps que ça n'allait pas. C'était un trop plein qui est sorti d'un coup. J'ai attendu sans répondre dans un premier temps parce qu'il y avait un monologue, la personne n'attendait pas de réponse, elle souhaitait surtout exprimer sa colère. Quand elle eut terminé à ce moment-là elle s'est excusée : le dialogue pouvait reprendre. J'avais à nouveau une personne en face de moi. C'est à ce moment-là que l'on reprend et sur de meilleures bases puisque la colère a disparu. Généralement la personne est alors désolée ou fatiguée ou en pleurs donc après nous on arrive pour le réconfort. Xenia, Auxiliaire d'envie
Ne pas prendre position et être neutre permet à la personne de se sentir en confiancede pouvoir exprimer ce qu'elle ressent. Créer du lien apparaît ainsi essentiel pour parvenir à entrer en contact avec la personne, l'amener à se réouvrir pour accepter d'être accompagné(e). Dans la vidéo ci-dessous, les auxiliaires racontent ce cheminement avec leurs bénéficiaires. Pour Xenia, cela passe par utiliser son statut "d'étranger" dans l'environnement de la personne âgée pour lui offrir l'occasion d'explorer ensemble de nouvelles possibilités, lui laisser la possibilité de redécouvrir ses envies ou en construire de nouvelles. Pour Julie, les conversations sur la vie ont été le point d'accroche d'une relation sur laquelle elle s'appuie ensuite pour proposer à sa bénéficiaire de sortir, de l'inscrire aux activités qu'elle aime tout en faisant bien attention à ce que ce soit elle qui en prenne la décision. Pour Karima, c'est surtout lui parler de ce qu'elle aime et créer du lien pour que lorsqu'elle la voit, elle soit heureuse.
"Ce sont les petites victoires de chaque jour qui comptent". Guillemette
La dépression est une vraie maladie. Comme insiste Xenia, l'entourage peut apporter un soutien indéniable par exemple en aidant le corps médical à construire un accompagnement qui s'appuie au maximum sur le quotidien et les routines de la personne âgée. Pour autant, l'entourage ne pourra pas tout faire tout seul. Comme le recommande Sandra Pamies, il faut pouvoir compter sur l'appui d'un médecin qui permettra un bilan général de la personne âgée : qu'est-ce que la personne peut encore faire, quelle est son histoire de vie, comment mobiliser son vécu pour travailler ses capacités de résilience, quelles molécules peuvent l'aider et coïncider avec ses traitements en cas de pathologies croisées, etc. Pour une personne âgée, le neurologue est tout à fait adapté dans cette situation car il est souvent déjà l'interlocuteur principal dans le suivi des maladies inhérentes aux personnes âgées. Le cas échéant, le médecin référent est un autre soutien qu'il est possible de mobiliser. L'essentiel, dans cette situation, est de parvenir à créer une équipe mobilisée autour de la personne âgée.
Chez Alenvi les auxiliaires suivent des formations qui leur permettent de mieux comprendre l'impact de la dépression et des troubles cognitifs des personnes âgées pour les aider à trouver leurs réponses.
N'hésitez pas à nous contacter pour découvrir l'ensemble de nos formations.